Gatien Lapointe
Soleil quotidien (extraits)
[...]
6
J'affronterai debout les lois de l'homme.
7
Solitaire j'imagine au creux de ma main
La plaine de corolles et de neiges
Quatre rivières descendent du ciel
Le haut présage conduit mes fenêtres
Amoureuse journée en pleine terre
C'est l'obstacle qui me garde vivant.
8
Penché sur le seuil je bois la rosée
Je creuse un chemin de pollens
J'éveille l'humus dans une caresse
Et les oiseaux prennent vol sous mes doigts
Un seul détail me définit
Un seul instant décide de mon sort
J'ai souffert la grande souffrance de l'arbre
Je possède en secret ses larmes refusées
Et que s'ouvre en plein soleil ma demeure
La terre à parfum de bêtes dans mes narines
Un mot à souffle d'arbres sur mes lèvres
Je dis la face tournée vers le fleuve
Et ce jour ne m'appartient pas
Si je n'ai pas nommé tous veux que j'aime.
[...]
11
Dans la vallée odorante et précise
On parlait de proches naissances
L'aile d'une hirondelle incline ma mémoire
Dire est jeter des ponts parmi les hommes
Et je vis dans le jour le plus familier
La souffrance m'engage à vivre
Les autres m'obligent d'espérer.
12
Temps augure la très verte prunelle
Je sème dans ma bouche le pain nécessaire
Je plante un mot sous chaque pierre
Ma main entraîne le terrestre événement
La mer chante au creux de ma main
J'inventerai un merveilleux voyage
J'annulerai les hasards de ma mort
Désarmé je m'endors contre la terre
Une lumière à l'abri dans mes paumes.
LAPOINTE, Gatien, Ode au Saint-Laurent précédée de J'appartiens à la terre, Trois-Rivières, Éditions du Zéphyr, 1985, 98p.
Soleil quotidien (extraits)
[...]
6
J'affronterai debout les lois de l'homme.
7
Solitaire j'imagine au creux de ma main
La plaine de corolles et de neiges
Quatre rivières descendent du ciel
Le haut présage conduit mes fenêtres
Amoureuse journée en pleine terre
C'est l'obstacle qui me garde vivant.
8
Penché sur le seuil je bois la rosée
Je creuse un chemin de pollens
J'éveille l'humus dans une caresse
Et les oiseaux prennent vol sous mes doigts
Un seul détail me définit
Un seul instant décide de mon sort
J'ai souffert la grande souffrance de l'arbre
Je possède en secret ses larmes refusées
Et que s'ouvre en plein soleil ma demeure
La terre à parfum de bêtes dans mes narines
Un mot à souffle d'arbres sur mes lèvres
Je dis la face tournée vers le fleuve
Et ce jour ne m'appartient pas
Si je n'ai pas nommé tous veux que j'aime.
[...]
11
Dans la vallée odorante et précise
On parlait de proches naissances
L'aile d'une hirondelle incline ma mémoire
Dire est jeter des ponts parmi les hommes
Et je vis dans le jour le plus familier
La souffrance m'engage à vivre
Les autres m'obligent d'espérer.
12
Temps augure la très verte prunelle
Je sème dans ma bouche le pain nécessaire
Je plante un mot sous chaque pierre
Ma main entraîne le terrestre événement
La mer chante au creux de ma main
J'inventerai un merveilleux voyage
J'annulerai les hasards de ma mort
Désarmé je m'endors contre la terre
Une lumière à l'abri dans mes paumes.
LAPOINTE, Gatien, Ode au Saint-Laurent précédée de J'appartiens à la terre, Trois-Rivières, Éditions du Zéphyr, 1985, 98p.