Chant D’Une Mère Au Berceau De Son Enfant
de Napoléon Aubin
Dors, mon enfant; sur ton destin
Nul orage aujourd’hui ne gronde;
Ton innocence à ton matin,
Est en paix avec tout le monde.
Sur le fleuve des premiers jours,
Ton berceau s’enfuit et dérive,
Et ton oeil suivant son beau cours,
Ne voit que des fleurs sur la rive.
Que de souhaits, combien de voeux
Planent sur ta frêle nacelle!
Quand les flots l’emportent sur eux,
Mon espoir vole devant elle.
Sur les rêves de l’avenir,
Oui, mon âme en riant s’élance;
Je vois mon bonheur à venir
Dans ce berceau que je balance.
Nul remords, nul triste souci,
Ne rend ton existence amère,
Que le sort te sourie aussi
Comme tu souris à ta mère!
Cher enfant! quand de mes aïeux
Je joindrai la froide poussière,
Comme ces chants ferment tes yeux,
Que ta main ferme ma paupière!
Souvenirs
Oh! mon pays, heureuse terre!
Où le sort plaça ma carrière,
Ton image à notre bonheur
Si chère
Remplit de son charme enchanteur
Le coeur.
Tes lacs où des monts se reflètent,
Tes eaux qui sur des rocs se jettent,
Quand nous en sommes éloignés,
Répètent :
Ô vous qui nous abandonnez
Venez!
Nous rêvons à ce toit champêtre,
À ce vallon qui nous vit naître,
À ces rochers, à ces grands bois
De hêtre,
Où l’écho redit tant de fois
Nos voix.
Le soir quand le soleil décline,
On entend la cloche argentine
Du troupeau qui dans la forêt
Chemine,
Et qui vient donner au châlet
Son lait.
Oui, mon pays, ta douce image
Nous poursuit au lointain rivage.
De tes lacs alors, vient s’offrir
La plage,
Et nous voulons y revenir
Mourir.